Balade artistique – Création In Situ

Un proposition de Yoann Scheidt et du Collectif blOp (interjection)

 

Promenade transartistique en espace naturel.

Musicien(ne)s : Elodie Robine (alto) et Yoann Scheidt (guitare, percussions, samples)

Comédien(ne)s : Isabelle Loubère et Fred Jouveaux

Danse : Natacha Bouyssou et Romain Veysseyre

Scénographie : Robert Kéramsi et Yoann Scheidt

Moyens techniques : Collectif blOp (interjection)

Le concept :

Cheminement, est un dispositif artistique imaginé par Yoann Scheidt en 2013. Cheminement, c’est un désir de créer du lien et de la vie entre les êtres humains et leur environnement. Retrouver une attention aiguisée au monde qui nous entoure, prendre le temps nécessaire pour regarder ce qu’on ne regarde plus.

Nos vies, à l’ère du tout numérique, sont assujetties à la vitesse et à la rentabilité. Nous sommes comme en « lévitation » dans nos espaces de vie et nous perdons peu à peu le lien avec toutes ces petites choses qui deviennent insignifiantes à nos yeux, à nos oreilles, à nos sens… Cheminement cherche à re-tisser ce lien distendu, à retrouver de la simplicité dans notre rapport au monde et aux éléments qui le constituent.

L’approche globale de Cheminement c’est :

Le rapport avec les paysages, avec la faune et la flore, et avec celles et ceux qui font l’histoire d’un territoire : les hommes et les femmes qui y vivent et/ou qui y ont vécu.

Une approche ludique et artistique qui exploite les spécificités du terrain : l’espace, le son, la vue, les bâtiments…

Mettre au premier plan les éléments qui nous semblent remarquables de par leur nature spécifique et la recherche du détail.

Relier des points et créer des résonances par le truchement de l’acte artistique.

Cheminement, c’est avant tout une invitation à la promenade. C’est une invitation à marcher dans les pas et sur les traces de ceux qui nous ont précédés, à emprunter des sentiers foulés tant de fois avant nous. L’histoire de tout territoire se nourrit de ces passages répétés d’hier à d’aujourd’hui. Ici, des hommes et des femmes ont habité, ont travaillé. Des promeneurs viennent le temps d’une visite. Chaque territoire est unique : des plantes, des animaux, une faune et une flore spécifiques, des coutumes et des sons cohabitent et forment un tout homogène. Cheminement tente de révéler les liens d’interdépendance entre tous ces éléments de la vie locale et tente de montrer que toute action de l’un influe inévitablement sûr la vie de l’autre.

Cheminement, c’est un miroir grossissant, un révélateur, mais c’est aussi, le temps d’une pose artistique, une tentative pour faire passer le regard du promeneur au travers du filtre de la manifestation poétique qui émane de toute chose. Vivre Cheminement, c’est aiguiser le regard pour percevoir autrement. C’est le façonner pour considérer autrement ces paysages qu’on a perdu l’habitude de regarder avec toute l’acuité qu’ils méritent. C’est enfin décaler le cadre de la perception habituelle grace à l’acte créatif.

La balade artistique :

Une proposition protéiforme – Textuelle. Tout au long de la balade, des textes poétiques d’auteurs contemporains sont mêlés à des témoignages d’anciens habitants, exhumant et/ou ré-inventant des moments très concrets de la vie d’alors : cueillette, veillée, vie de classe, vie sociale, mais aussi l’attente, l’isolement, le silence… tout en les confrontant à une approche plus mystique et abstraite des paysages conçue sur un choix de textes d’une veine plus poétique.

Une proposition protéiforme – Chorégraphique. Tout espace de nature est en perpétuel mouvement. De mouvement, il en est question par l’entremise de la danse. Furtive, se fondant dans l’environnement, silencieuse, elle attend au coin du bois, apparaît et disparaît au gré de la promenade, sauvage. Et qui sait, peut-être entrainera-t-elle les visiteurs d’un jour dans son mouvement singulier… Provoquant l’ordre des choses et créant des résonances subtiles, interagissant avec le groupe et lui proposant même une forme d’engagement inattendu : l’engagement corporel.

Une proposition protéiforme – Musicale. La musique, omniprésente tout au long du parcours et interagissant avec les différents intervenants, s’appuie sur un répertoire sensoriel qui s’inspire des éléments du vivant, puissants vecteurs d’évocation poétique : le vent, le souffle, le battements… Elle volette dans l’air, en équilibre sur le fil ténu d’un trait d’alto ou au son des éléments de percussions. Elle joue avec les éléments sonores du site, sur la base d’improvisations que l’on pourra appeler pour l’occasion « la musique du jour », comme un clin d’œil goguenard à sa sœur jumelle contrariée (et contrariante) : la musique d’aujourd’hui ! Un brin légère, souvent rieuse, toujours joueuse…

Une proposition protéiforme – Plastique. Des éléments de scénographie sont disséminés tout au long du parcours. Le plasticien Robert Kéramsi est mis à contribution pour la réalisation de ces éléments : des silhouettes et des portraits, peints sur des supports de toile de jute et/ou de matériaux naturels (bois, pierre…) et installés in situ, suspendus dans les arbres, jonchés sur le sol… Ils agissent comme des manifestations simples, évocations de la présence de l’homme sur place, mais aussi, aiguillon du regard, invitation à voir plus loin, à regarder ailleurs. Des éléments de signalétique sont disséminés un peu partout en complément.

La signalétique est une composante importante du projet. En plus d’informer les marcheurs, elle guide leur regard. L’utilisation détourné qu’on en fait crée un élément de surprise pour les spectateurs, leur propose une lecture alternative des espaces et ainsi, par le truchement d’effets non verbaux, elle change la perception des lieux dans lesquels elle se trouve, y diffusant son potentiel d’évocation poétique et y créant comme des infractuosités spatiales et temporelles. Un passage clouté en pleine nature, un mot, une flèche ou tout autre signes, constituent autant de détails surprenants qui surgissent du néant pour aiguiser et guider l’attention des promeneurs.

Réalisée à l’aide de pochoirs, sur une base de fleur de chaux, et diffusée au pulvérisateur, cette signalétique, petite sœur modeste et essentialisée des mandalas de sable tibétains, en hérite leur condition éphémère de part sa nature entièrement bio dégradable : elle disparaîtra irrémédiablement dès la première pluie, sans aucun dommage pour les équilibres naturels.